• "Nous sommes tous des enfants de Bongo"

    Par Rue89    09H32    26/07/2007

    Nous sommes tous des enfants de Bongo... La proposition peut surprendre, mais qu'on y pense: la grande majorité des Français a grandi avec le même Président gabonais, tandis que défilaient les occupants de l'Elysée. Vous êtes de la génération de Gaulle? C'est là que Bongo entre en scène, installé au pouvoir par l'incontournable Jacques Foccart, le Monsieur Afrique de l'Elysée. Vous êtes de la génération Mitterrand? Pierre Péan raconte dans "Affaires africaines" (Fayard, 1983), sans avoir jamais été démenti, comment Bongo a participé au financement de la campagne du PS en 1981, histoire d'être sûr de gagner, quel que soit le vainqueur... Et c'est à la suite d'un clash avec Bongo que Jean-Pierre Cot, le ministre socialiste de la Coopération qui tenta vainement de changer les choses, fut éjecté par Mitterrand, et que tout rentra dans l'ordre. Quant à Jacques Chirac, ce fut la continuité sans le changement. Bongo incarne parfaitement la permanence de la politique africaine de la France tout au long de la Ve République, jusqu'à la caricature si on se replonge dans le "mapping" de l'argent sale de la Françafrique que nous avons récemment diffusé sur la base de la plainte de plusieurs associations contre Omar Bongo et son gendre, le Président congolais Denis Sassou Nguesso.

    Arrive Nicolas Sarkozy, l'homme de la "rupture". Quel est le véritable Sarkozy? Celui qui promet la transparence et le renouveau dans les rapports franco-africains, ou celui qui, pendant la campagne électorale, n'a pas manqué au rituel de la visite à Bongo pour écouter ses "sages" conseils? Le fait que le Gabon ait été inclus dans cette première tournée, ce qui n'était pas acquis d'avance, donne une partie de la réponse. Nicolas Sarkozy n'est certes pas issu du sérail franco-africain comme tous ses prédécesseurs, il n'a pas baigné dans cet univers incestueux et paternaliste qui a pourri les rapports entre la France et ses anciennes colonies. Mais il n'est pas étranger aux réseaux qui la composent: ceux, politico-affairistes, de Pasqua, dont il a capté une partie de l'héritage politique dans les Hauts-de-Seine, ou encore ceux du business incarné par son ami Vincent Bolloré, très présent sur le continent noir, et entouré d'anciens de la galaxie Chirac en Afrique. L'Afrique est donc loin d'être une terra incognita pour le nouveau Président.

    Il faudra donc aller au-delà du discours de Dakar de Nicolas Sarkozy pour voir si quelque chose peut changer dans les rapports franco-africains. Ce qui ne changera pas, assurément, c'est la personnalisation des rapports, comme l'épisode libyen avec Cécilia Sarkozy en a donné un avant-goût. Entre la concentration des pouvoirs de décision à l'Elysée -pour l'Afrique, ce fut toujours le cas sous la Ve-, et l'implication familiale, on a un air de déjà vu. Mitterrand, là encore, n'avait-il pas nommé son fils Jean-Christophe aux affaires africaines?... On touche là aux limites étroites de la transparence promise.

    On se prend pourtant à rêver d'une véritable remise à plat des rapports France-Afrique, d'un grand débat tant en France qu'en Afrique francophone sur une redéfinition de ces relations après près d'un demi-siècle d'indépendances empoisonnées. Que veut encore la France sur le continent, qu'en attendent ses partenaires, pas seulement les chefs d'Etat mais aussi les sociétés? Comment intégrer la problématique de l'immigration, le non-dit de cette situation, dans une politique africaine dépoussiérée? A l'heure où les nouveaux acteurs débarquent sur le continent, à l'image de la Chine à laquelle on reproche un peu facilement ce que la France a fait pendant si longtemps..., cette redéfinition n'est pas du luxe. Rien ne serait pire que la même politique avec d'autres mots. C'est pourtant, hélas, ce qui risque fort de se produire dans l'ère Sarkozy si les pesanteurs du passé ne sont pas balayées.

    Pierre Haski


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  • L'Assemblée met son nez dans la Françafrique

    Par Mathieu Szeradzki (Etudiant)    00H08    07/10/2007

    Nicolas Sarkozy et Omar Bongo à Libreville en juillet (Pascal Rossignol/Reuters).

    En créant une mission d'information sur la politique africaine, les députés empiètent sur le "domaine réservé" de l'Elysée.

    La commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale vient de créer une mission d'information sur la politique africaine de la France. Cette intrusion du Parlement dans un domaine traditionnellement réservé à l'Elysée étonne.

    C'est Axel Poniatowski, député UMP du Val-d'Oise et président de la commission, qui a pris cette initiative. La mission sera présidée par Jean-Louis Christ, député UMP du Haut-Rhin, qui se défend de toute influence élyséenne: "Nous travaillons en toute indépendance, nous n'avons reçu aucun ordre". L'élu alsacien ne cache pas ses ambitions:

    "Nous allons peut-être, petit à petit, percer les secrets et l'hermétisme qui entourent ces relations. Nous avons tous besoin que les relations avec l'Afrique soient des relations claires, transparentes, et tournées vers l'avenir, et nous espérons que le vent de réforme insufflé par Nicolas Sarkozy atteindra l'Afrique."

    La politique africaine de Sarkozy encore mal définie

    Sortir d'une relation de "charité" pour mettre sur pied un véritable partenariat, tel est le but déclaré des parlementaires. Doit-on y voir un désir de concurrencer la cellule africaine de l'Elysée? Souvent critiquée parce qu'elle échappe à tout contrôle parlementaire et ne brille pas par sa transparence, elle reste attachée historiquement aux "réseaux Foccart", du nom du "Monsieur Afrique" de la Ve République.

    Depuis quelques mois, la politique africaine de la France est sujette à des turbulences. D'une part, Nicolas Sarkozy donne le ton par ses discours répétés sur la rupture avec l'ancien système avec, à titre d'exemple, l'ouverture d'une enquête judiciaire sur les biens "mal acquis" de chefs d'Etat africains. D'autre part, le discours de Dakar sur "l'homme africain", les visites aux "vieux amis" de la Françafrique, les références à Jacques Foccart, sont autant de signes d'une certaine continuité. La volonté affichée de redéfinir les relations entre la France et l'Afrique laisse donc beaucoup d'observateurs sceptiques.

    Les députés ne veulent plus être "les dindons de la farce"

    L'initiative des parlementaires changera-t-elle la donne? En tout cas, pour William Bourdon, avocat et président de l'association Sherpa, les députés, de droite ou de gauche, en ont assez d'être "les dindons de la farce" en matière de politique africaine.(Voir la vidéo.)


     

    Une telle entrée des parlementaires dans un domaine traditionnellement confisqué par l'Elysée est une avancée institutionnelle importante. Mais les députés auront-ils assez de liberté d'action pour changer des pratiques vieilles comme la Ve République?


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  • Un livre d'histoire africaine pour Sarkozy

    Le projet devrait faire des émules : Hugo Chávez, Fidel Castro, Evo Morales et Rafael Correa pourraient lancer un grand chantier pour un livre d'histoire des Amériques destiné aux candidats à l'élection présidentielle US (pour Bush, il est trop tard et son cas est désespéré, et il ne lit pas - on n'est d'ailleurs pas sûr qu'il sache lire), les Congolais, les Rwandais et les Burundais pourraient produire un livre d'histoire à destination de la classe politique belge, les Éthiopiens, Érythréens et Somaliens à destination de la classe politique italienne, les Chinois, Coréens et Philippins à destination du Japon etc... Bref, Mme Konaré risque de faire enfin mentir le proverbe africain qui dit que les histoires de chasse sont toujours racontées par les chasseurs et jamais par les lions...(FG)

     Adame Ba Konaré, historienne et épouse de l'ancien président malien Alpha Oumar Konaré, a invité dimanche les historiens africains à participer à la rédaction d'un manuel d' histoire sur leur continent destiné à "mettre à niveau" les connaissances de Nicolas Sarkozy sur l' Afrique.

    L'invitation , rendue publique lors d'une conférence de presse à Bamako, fait suite aux propos tenus par le chef de l'Etat français en juillet dans l' enceinte de la prestigieuse université Cheick Anta Diop à Dakar.

    L'orateur, dont c'était la première visite en Afrique sub- saharienne depuis son élection en juin, y avait affirmé que l'Afrique était à la marge de l'Histoire, qu'elle était immobile, stationnaire.

    "Le drame de l'Afrique, c'est que l'homme africain n'est pas assez entré dans l'Histoire. Le paysan africain (...) ne connaît que l'éternel recommencement du temps rythmé par la répétition sans fin des mêmes gestes et des mêmes paroles", avait affirmé le successeur de Jacques Chirac devant un parterre d'intellectuels sénégalais.

    Pour Adame Ba, dont l' époux préside aujourd'hui la Commission de l'Union africaine , "ce sont des affirmations qui reposent sur des poncifs, sur les théories euclidiennes sur l'Afrique, sur l'imagerie coloniale , qui disaient que l'Afrique n'avait pas d'Histoire, qu'il fallait venir admirer l'enfance du monde en Afrique, que l'Africain était installé dans l'immobilisme et qu'il n' y avait pas de dynamisme dans les sociétés africaines ...".

    L'historienne a expliqué que sa démarche, qu'elle a qualifiée de scientifique, consistait précisément à produire des connaissances censées s'opposer à des affirmations qui, selon elle, ne reposaient que sur des "pseudo-théories".

    "Donc, l'objectif c'est d'inviter mes collègues historiens à produire chacun un article dans son domaine de compétence académique avant fin 2007. Lorsque tous les textes seront rassemblés, nous en ferons un recueil à paraître courant 2008.

    "Et nous prendrons les mesures adéquates pour acheminer un exemplaire de cet ouvrage collectif vers le président Sarkozy et les autorités françaises, afin de les mettre à niveau de connaissance avec l'Histoire de l'Afrique", a ajouté l'universitaire.

    De nombreux intellectuels africains avaient été choqués par le discours de Dakar du nouveau chef de l'État français, dont les thèses avaient été jugées par certains comme condescendantes et dépassées.

    Source:Reuters, 23 septembre 2007


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    Omar Bongo accusé d'avoir retenu dans son pays une péruvienne qui avait refusé ses avances

    Afriqu' Echos, magazine interculturel

    DAKAR, Jeudi 5 février 2004 (AP) - Le Pérou a ouvert une enquête sur des allégations mettant en cause Omar Bongo : le président du Gabon est accusé d'avoir attiré une ancienne miss Pérou dans son pays pour tenter d'en faire sa maîtresse et de l'avoir empêchée de repartir pendant près de deux semaines après que ses avances eurent été repoussées.

    Un porte-parole de M. Bongo, Vincent Mavoungou Bouyou, a déclaré à l'Associated Press ne pas être au courant des allégations. Ivette Lourdes Santa Maria Carty, 22 ans, avait été invitée au Gabon pour participer comme hôtesse à un concours de beauté appelé "Miss humanité", a précisé le ministère péruvien des Affaires étrangères dans un communiqué publié récemment.

     

    Selon la presse péruvienne, les organisateurs du prétendu concours ont contacté Mme Santa Maria par Internet. Quelques heures après son arrivée à Libreville le 17 janvier, un collaborateur du président Bongo est venue la chercher pour l'emmener au palais présidentiel et la présenter au dirigeant africain, a raconté le père de la jeune femme.

    M. Bongo l'a ensuite conduite à sa chambre et a sollicité une relation sexuelle, a affirmé mercredi le quotidien péruvien El Comercio. D'autres articles rapportent des faits similaires, en citant les parents de Mme Santa Maria.

    La jeune femme a fui le palais et passé 12 jours dans un hôtel de Libreville. Elle n'a pu quitter le pays qu'après l'intervention d'Interpol et d'une organisation française anti-prostitution. Elle devait faire son retour au Pérou mercredi selon El Comercio.

    Les parents de Mme Santa Maria ont contacté le ministère des Affaires étrangères du Pérou lundi pour demander son aide. L'ambassadeur du Pérou à l'ONU a contacté son homologue gabonais pour exprimer « la profonde préoccupation du gouvernement péruvien sur cette affaire », souligne le communiqué du ministère.

    Des allégations similaires ont déjà été formulées contre Omar Bongo par le passé. En 1995, le couturier italien Francesco Smalto a reconnu devant un tribunal à Paris avoir fourni des call girls au président gabonais. 

    Source: Afriqu' Echos, magazine interculturel


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  • Marche de soutien au Projet Bélinga Libreville, le 22 septembre 2007
    Images: Barthel BOUASS

     


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