• Pour un essor véritable du capital humain gabonais!

             E/ Pour une véritable promotion quantitative de la population gabonaise : la lutte contre le déficit démographique du Gabon


             Il est, dans une première partie, procédé à l'analyse de la situation de déficit démographique du Gabon. Face à ce contexte de sous-peuplement du Gabon, il est proposé, dans une seconde partie, des solutions de promotion quantitative de sa population.


    1- Le déficit démographique du Gabon : le diagnostic


             Limité au Nord par le Cameroun, à l'ouest par l'océan atlantique, au nord-ouest par la Guinée équatoriale, au sud et sud-est par le Congo, le Gabon couvre une superficie de 267.667 Km² pour une population faible (en 1999) de 1.200.000 habitants soit, une densité de 4,48 habitants au Km².


             Cette faible démographie du Gabon tient aux évènements historico-sociologiques (guerres tribales, esclavage et autres travaux forcés), au climat (le Gabon est, selon B. Chambrier, recouvert à près de 80% par la forêt équatoriale dense, milieu humide et insalubre favorisant la prolifération des maladies endémiques comme le paludisme, la trypanosomiase... qui sont à l'origine d'une importante mortalité notamment, celle infantile) et à la stérilité (le Gabon se caractérise par une importante stérilité féminine et masculine, notamment dans le sud-est, qui fait de l'ensemble du territoire, une zone d'hypo-fécondité).


             Toutefois, à côté de ces trois facteurs, il est également un autre très important, c'est celui de l'inéquitable répartition de la richesse nationale, entre les différentes couches sociales, institutionnalisée par l'autocratie en place. Cette répartition injuste du revenu national aplatit le grand nombre de gabonais dans une pauvreté matérielle, culturelle et financière extrême.


             Dans cette optique, l'outil méthodologique permettant de mesurer ces inégalités de distribution du revenu national étant la courbe de concentration des revenus primaires encore appelée courbe de Lorenz, cette dernière va ainsi montrer que 50% des ménages gabonais (les plus pauvres) perçoivent environ 21% des revenus primaires, 40% des ménages (les moins pauvres) touchent 55% et enfin, 10% des ménages (les plus riches) touchent 24 %. Globalement, 90% des ménages perçoivent 76% tandis que 10% touchent 24% du revenu primaire total.


              Le coefficient de Gini est de 0,52 (I Gini = 0,52), ce qui signifie que les revenus avant transferts (revenus essentiellement issus de l'activité économique) sont très inégalement répartis. Cette valeur du coefficient de Gini va être corroborée par le rapport 1999 du PNUD dans lequel il est fait mention de la régression de la plupart des indicateurs socio-économiques du Gabon.


              Selon ce rapport, Gabao était classé à la 124ème place dans l'échelle du développement humain (IDH). De la sorte, ce riche petit pays d'Afrique centrale, ruiné par O. Bongo et la franç-à-fric, avait régressé de 15 places, passant ainsi de la 109ème place en 1994 à la 124ème place en 1999. Par son positionnement à cette 124ème place, il se retrouvait donc inclus dans la catégorie des pays à développement humain moyen (de 46 à 139), résultat qui se révèle donc mauvais et triste pour ce beau et riche petit qui aurait pu être le petit Emirat d'Afrique noire.


              En effet, lorsqu'il est procédé à une comparaison entre le classement de Gabao avec ceux des autres pays à revenus moindres et à populations plus élevées, ces derniers se retrouvaient dans la catégorie des pays à développement humain élevé (de 1 à 45). C'est le cas notamment de la Slovaquie, de la Pologne et du Costa-Rica : ces pays avec des revenus per capita inférieurs à celui de 4.120 USD du Gabon, se retrouvaient respectivement 42ème, 43ème et 44ème alors que Gabao était à la 124ème place. Parmi les 123 pays qui le précèdent, certains ont des revenus par tête de moins de 500 USD c'est-à-dire au moins huit fois moins importants que le sien. Il s'agit notamment du Tadjikistan (108ème avec 330 USD), du Viet-Nam (110ème avec 310 USD) et de la Mongolie (119ème avec 390 USD).


             Pour arriver à ce médiocre résultat du Gabon, le PNUD a tenu compte, pour le calcul de son indice du développement, de tous les aspects de la vie à savoir, l'espérance de vie, la santé et prévention, l'éducation et la formation... .


             Ainsi, en matière d'espérance de vie, le rapport du PNUD mentionnait que la durée de vie moyenne à la naissance d'un gabonais était, en 1999, de 52,4 ans soit, une baisse de durée de vie moyenne de 1,7 an par rapport à 1997 (54,1 ans). Par ailleurs, la mortalité infantile était toujours élevée puisque sur 1000 enfants qui naissaient en 1999, 145 mouraient encore avant l'âge de 5 ans (145‰). Les femmes qui meurent à l'accouchement étaient également nombreuses : plus de 6.000 à 7.000 chaque année.


             En matière de santé et de prévention, il se dégageait que 28% de nouveaux nés âgés d'un an n'étaient pas vaccinés contre la tuberculose et 68% contre la rougeole. Le Gabon ne comptait que 19 médecins et 56 infirmiers pour chaque 100.000 habitants alors qu'un pays comme Saô-Tomé et Principe, nettement plus pauvre, en comptait 32 médecins pour 100.000 habitants. Malgré le boom pétrolier des années 1970 qui a conféré d'énormes ressources à ce pays, la part du revenu national consacré à la santé des gabonais n'est passée que de 0,5% en 1960 à 0,6% en 1999 soit, une hausse scandaleuse de seulement 0,1 point en 38 ans.


             En matière d'éducation et de formation, il était mentionné que seulement 66,2% des adultes étaient alphabétisés et 41% de jeunes n'atteignaient même pas le cours moyen élémentaire niveau 1 (CM1). De 4,5% du PIB en 1985, les dépenses d'éducation et de formation sont passées, 14 ans plus tard (1999), à seulement 2,8% soit, une baisse grotesque de 1,7 points.


             A titre de comparaison, le Botswana, pays à politique économique et sociale forte et à taux de corruption quasi-nul, dépense plus de 10,4% de son PIB dans l'éducation et la formation.


             En matière de logement, plus de 75% de la population gabonaise continuaient à vivre dans des logements précaires (en planche ou tôle) dans des quartiers sans plan de lotissement, sans voirie, difficilement accessibles et de très grande insalubrité.


             Plus de 60% de la population vivaient encore, en 1999, en dessous du seuil de pauvreté c'est-à-dire avec des revenus mensuels inférieurs au SMIC de 64.000 francs CFA (97,567 euros).


             Dans ce contexte d'explosion de la pauvreté de la population gabonaise liée au pillage sans vergogne des deniers publics par la dictature en place (selon G. Gaetner, le montant des avoirs du président O. Bongo, qui ont été placés sur ses différents comptes bancaires à la Citibank, à New-York, de 1985 à 1997, était d'environ 130 millions de dollars, soit 900 millions de francs), la natalité ne pouvait pas ne pas être fortement ralentie.


             Dès lors, enfermée dans une indigence, cette population gabonaise n'a eu d'autres choix que de se lancer dans la prostitution, le crime, le fétichisme, le satanisme... pour survivre dans un pays riche mais paradoxalement dépourvu d'un véritable système de protection sociale. Dans ce contexte, il a résulté une baisse de la natalité et une expansion de la mortalité, notamment de celle infantile.


             Toutefois, en privant, pour cause de bas calculs politiciens (pour la dictature en place, en procédant à une répartition équitable de la richesse nationale, en éduquant le peuple..., on lui donne les moyens matériels, financiers, culturels... d'une rébellion future), le peuple gabonais (il vaut mieux, pour l'autocrato-kleptocratie au pouvoir, l'aplatir dans l'ignorance et la pauvreté) d'accès au gâteau national qui aurait pu stimuler la population, ce régime a fait la démonstration d'une certaine incompétence en matière de management démographique.


              Primo, il a ignoré que de la population totale d'un pays découle la population active qui est un facteur de production indispensable à la croissance économique d'une nation. Secundo, il a ignoré que pour qu'un pays puisse décoller économiquement, ce dernier doit au minimum compter une population de 5 millions d'habitants. Tercio, il a ignoré que cette faible démographie du Gabon allait poser de sérieux handicaps à son développement.


              Elle est un handicap à la demande de par l'étroitesse du marché intérieur qui ne permet pas le développement d'industries capables de capter des économies d'échelle. Dans ce contexte, des politiques de relance ou de diversification de l'économie auraient des peines (énormes) à véritablement réussir. Elle est un handicap à l'attrait de l'investissement international au Gabon (pour cause d'étroitesse du marché ou d'insuffisance de la demande). Elle est, aujourd'hui, un facteur de blocage à l'intégration sous-régionale au sens où le Gabon manifeste beaucoup de réticences à s'intégrer avec son mastodonte voisin qu'est le Cameroun.


    2- Le déficit démographique du Gabon : les propositions de solution


              Le Gabon, pays immensément riche, ne compte, en 2002, qu'une population d'à peine 1,3 million d'habitants (800.000 nationaux pour 500.000 étrangers). Avec une telle population, le Gabon ne peut véritablement espérer connaître un réel développement économique et social.


              Face à cette situation de sous-peuplement du Gabon, il est plus que nécessaire d'y mettre en place de véritables politiques de promotion quantitative de la population. Ces dernières devront se faire en faveur de la natalité et de l'immigration (sélective).


              Les politiques natalistes consisteront essentiellement à associer des mesures coercitives comme la répression de l'avortement à celles incitatives telles que l'octroi de véritables allocations familiales aux ménages.


              L'interdiction et la répression de l'avortement (infanticide), la nouvelle politique de santé, l'octroi, aux familles, d'aides financières à la garderie de nouveaux-nés... devraient, dans ce contexte, se traduire par une hausse de la fécondité, de l'espérance de vie et partant de là, d'un accroissement de la population.


              De même, de véritables allocations familiales et autres exonérations fiscales, proportionnelles au nombre d'enfants en lieu et place des misérables 3.000 francs CFA ou 4,57 euros/enfant/mensuels actuels, seraient indispensables pour stimuler les naissances et atténuer la contraception moderne.


              Par ailleurs, des mesures telles que le congé parental rémunéré avec compensation presque intégrale du salaire à la naissance du second enfant, le développement intensif des réseaux de crèche... faciliteraient la vie quotidienne des parents et encourageraient la fécondité (natalité).


              Toutefois, comme une telle politique risque d'être aussi assez pénalisante pour la femme, la clé de l'instauration, au Gabon, d'un certain dynamisme démographique devra résider dans une politique volontariste adéquate reposant sur le couplage entre la politique susmentionnée, nataliste, et une politique d'immigration. Ne pas associer ces deux politiques serait manquer de réalisme eu égard à la faible démographie actuelle du Gabon, handicap sérieux à son véritable décollage.


              Dans ce cadre, des quotas d'immigrants à capital humain non trouvé encore au Gabon pourraient (devraient) être arrêtés par les nouvelles autorités publiques de ce pays. La réussite de cette politique d'immigration va reposer sur le respect, par le Gabon, d'un certain nombre de conditions élémentaires.


              La première sera de maintenir une natalité suffisante parmi la population autochtone afin de ne pas détériorer un peu plus le rapport autochtones-immigrants. La seconde sera relative à la diversification des sources d'immigration pour éviter la constitution de minorités trop importantes, parfois antagonistes. Enfin, un effort spécifique d'adaptation de l'appareil scolaire (brassage culturel, formation des maîtres spécialisés, apprentissage des langues et civilisations étrangères...) et médiatique (lutte contre le racisme, information, politique de l'opinion publique...) devrait être mis en place.


              Somme toute, cette politique d'immigration devra être préparée et aménagée en fonction des considérations de long terme et non pas simplement régie par des intérêts économiques de court terme. Elle, devra, à l'instar de la politique de stimulation de la population locale, s'inscrire dans une politique de développement : elle doit s'accompagner des investissements d'infrastructures (logements, établissements publics d'éducation, de santé...) liées aux créations d'emplois... .


              Seul dans ce cadre, les populations gabonaises vivront mieux parce qu'elles seront mieux éduquées, en bonne santé, plus productifs, qualifiés, inventifs (créatifs). Les avantages attendus de cette croissance démographique seraient essentiellement de deux ordres à savoir, économique et financier.


              Sur le plan économique, la population active étant fonction de la population totale d'une nation et le travail, un facteur de production, une croissance démographique conduirait à une expansion du travail. Côté offre, l'amélioration, quantitative et qualitative, de ce travail induirait, comme facteur de production, une hausse continue des biens et services. Côté demande, elle induirait, avec un pouvoir d'achat significatif, une expansion de la consommation, de l'investissement... . Dès lors, il s'ensuivrait, au niveau global, une stimulation du développement économique, social et culturel du Gabon.


              Sur le plan financier, avec plus d'habitants (actifs salariés), d'activités en création..., l'Etat, qui aura plus d'impôts à lever, sera d'autant plus riche. 


                 Jacques Janvier Rop's Okoué Edou


        Docteur en Economie et Finance Internationales






     


  • Commentaires

    1
    pseudo potentiel éco
    Jeudi 24 Août 2006 à 13:48
    / Pour une véritable promotion quantitative de la population gabonaise : la lutte contre le déficit démographique du Gabon
    RAS sur l'argument démo. see ya
    2
    Mbolo
    Dimanche 8 Octobre 2006 à 00:17
    / Pour une véritable promotion quantitative de la population gabonaise : la lutte contre le déficit démographique du Gabon
    On ne souhaite pas avoir une très forte population sans véritable projet. Donc n’imitons pas toujours les occidentaux. La preuve, c’est que le Gabon avec une petite population ne s’en sort pas. Imaginons la catastrophe si la population était beaucoup plus grande. D’ailleurs comme la plupart des pays africains (moins de 20 000 000 d’hbts), ils n’arrivent pas à avancer. Et c’est pire pour les pays africains ayant de très forte population (exemple : Nigéria, RDC, Ouganda,…).
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