• Gabon - Congo - France: La carte des résidences de la Françafrique à Paris
    Catégorie: Mafia France-Gabon et Françafrique
    Source: Rue89   
    Jeudi 26 Juillet 2007 à 13:28

    Des ONG ont porté plainte pour recel après l'achat de propriétés en France par des dictateurs africains. Visite guidée.

    Les esclaves de la Françafrique
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    Les esclaves de la Françafrique
    Les ONG françaises ne veulent pas lâcher la Françafrique. Dernière trouvaille: une plainte pour "recel de détournement de biens publics et complicité", déposée le 27 mars devant le tribunal de grande instance de Paris.

    Des ONG ont porté plainte pour recel après l'achat de propriétés en France par des dictateurs africains. Visite guidée.


    Géolocalisation d'une partie des biens immobiliers possédés
    par les familles de Denis Sassou N'Guesso et d'Omar Bongo en région parisienne.

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    La plainte vise notamment l'acquisition de biens immobiliers de luxe par des personnalités africaines. Et en particulier deux figures du continent: les Présidents congolais Denis Sassou N'Guesso et gabonais Omar Bongo Ondimba.

    Après un peu de réflexion et quatre dimanches électoraux, le Parquet de Paris a finalement décidé, lundi 18 juin, de lancer une enquête préliminaire confiée à l'Office central de répression de la grande délinquance financière (OCRGDF).

    L'hôtel particulier de Denis Sassou N'Guesso au Vésinet (DR)
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    L'hôtel particulier de Denis Sassou N'Guesso au Vésinet (DR)
    Les faits dénoncés sont connus depuis longtemps. De nombreux chefs d'Etat, surtout lorsqu'ils sont à la tête d'un émirat pétrolier, ont pris pour habitude de blanchir des fonds, illégalement détournés des recettes de l'Etat, dans l'immobilier. Hôtel particulier dans le XVIe arrondissement, duplex de luxe ou château à la campagne: il y en a pour tous les goûts.

    Pour les associations Sherpa, Survie et la Fédération des Congolais de la diaspora, cette décision "doit permettre d'établir les responsabilités pénales individuelles de ceux qui ont détourné l'argent public de leur pays et qui l'ont ainsi appauvri".

    Voilà pour le volet judiciaire. Mais la politique n'est jamais loin dans ce type de procédure. "Une culture d'impunité tranquille est pour la première fois ainsi ébréchée", poursuit le communiqué commun des associations. Les Français prennent ainsi le relais de la campagne initiée en juin 2002 par le collectif anglo-saxon Publish What You Pay, auquel s'étaient déjà ralliées les associations pré-citées.

    Une innovation juridique possible

    Cette procédure a-t-elle plus de chances d'aboutir que l'Initiative de transparence des industries extractives (EITI) de Tony Blair? L'argumentaire des juristes sollicités par les ONG françaises pour rédiger la plainte consiste à dresser un parallèle entre la jurisprudence sur les délits économiques et la corruption à grande échelle des dictateurs africains.

    "De manière parallèle, en matière d'abus de biens sociaux, il est admis que des fonds sociaux prélevés par le dirigeant social l'ont nécessairement été dans son intérêt personnel s'il n'est pas justifié qu'ils ont été utilisés dans le seul intérêt de la société", est-il ainsi notifié. "Un tel raisonnement peut être appliqué, par analogie, pour un chef d'Etat, à l'égard du délit de détournement de biens publics et/ou de recel de détournement de biens publics."

    Une convention internationale signée en 2005 est également invoquée dans ce document. "La France a été également le premier des pays du G8 à ratifier la convention internationale des Nations unies de lutte contre la corruption, dite de Mérida, qui fait de la restitution des biens et argent détournés un principe fondamental du droit international.

    Pour autant, il n'est pas évident que des magistrats osent franchir le Rubicon de l'immunité judiciaire des chefs d'Etat en exercice. Si tant est qu'ils parviennent à traverser le mur des prête-noms et des hommes de paille.

    Remue-ménage politique en vue

    En réalité, s'ils visent le doyen de la Françafrique, les militants des ONG cherchent aussi à rappeler à l'opinion que la "rupture" prônée par Sarkozy peut s'étendre jusqu'au Gabon.

    Omar Bongo Ondimba jouit en la matière de l'aura des pionniers. Tout commence en 1975, dans les couloirs d'une banque privée longtemps restée confidentielle, la French International Bank for Africa (Fiba). Cette dernière est fondée par le groupe pétrolier Elf et la famille Bongo, afin de bénéficier d'un guichet simplifié où les clients pouvaient retirer des sommes en liquide sur un simple appel du Président gabonais.

    Comme l'expliquait au moment du procès Elf un ancien ministre des Finances congolais, N'Guila Mougounga, le compte de chaque Etat était alimenté directement par la manne pétrolière. Certains riches particuliers triés sur le volet avaient aussi la possibilité de détenir un compte à la Fiba.

    Si la banque d'Elf n'existe plus depuis les enquêtes menées en France et en Suisse par quelques juges intrépides, les circuits de détournement de l'argent public ont été externalisés. Ce qui rend les choses à la fois moins risquées, d'un point de vue judiciaire, et plus fragiles, du point de vue de la fiabilité des opérations financières. Jusqu'à la prochaine offensive judiciaire...


    Par David Servenay (Rue89)   
    Initialement publié le 21/06/2007 par Rue89


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  • Dictateurs "amis de la France" - morceaux choisis

    Blaise Compaoré (Burkina-Faso) A la faveur d'un coup d'État en 1987 (dont les principaux parrains furent Houphouët-Boigny et Foccart), Blaise Compaoré élimine son rival politique, putschiste lui aussi mais dévoué à son peuple, Thomas Sankara, mettant un terme aux espoirs d'émancipation. Depuis, le Burkina s'est engouffré dans le schéma classique d'un pays françafricain : corruption, pillage des ressources naturelles (coton via la société Sofitex, or via la société Sirex), népotisme, assassinats politiques (le journaliste Norbert Zongo en 1998)... Le Burkina est un des derniers au classement IDH (175ème). Très proche de Paris, son principal bailleur de fonds, Campaoré a soutenu le criminel de guerre Charles Taylor dans le dépeçage du Liberia et vendu des armes aux rebelles du RUF en Sierra-Leone. Il a envoyé son armée participer à la prise du pouvoir par Bozizé en Centrafrique et au putsch de Baré Maïnassara au Niger en 1996.

    Paul Biya (Cameroun) Mis en selle par Elf, de l'aveu même de l'ex-PDG d'Elf Loïc Le Floch-Prigent, Paul Biya succède en 1982 au dictateur Ahidjo, qui avait lui été mis en place par Jacques Foccart. Indétrônable, Biya bénéficie du savoir-faire en manipulation électorale de la France, qui voit en lui un rempart contre les partis anglophones, pour se faire réélire à chaque scrutin... Peu importe la répression exercée contre les journalistes, militants démocrates ou chefs traditionnels. Car le pays offre aussi de belles possibilités de profits à des groupes français influents, comme Elf, Rougier ou Bolloré.

    Faure Gnassingbe Eyadema (Togo) En 1963, le sergent Étienne Gnassingbe Eyadéma commence sa carrière de futur dictateur par l'assassinat du leader de l'indépendance togolaise, le président Sylvanus Olympio. Depuis, son despotisme, sa férocité et son accaparement de l'aide et des richesses du pays (phosphate) ont contraint 1/10ème de son peuple à l'exil. L'armée, pléthorique, a réprimé les nombreux soulèvements populaires et semé la terreur. Chirac a applaudi les mascarades électorales de 1993, 1997 et 2003 qui reconduisaient son « ami personnel ». Rebelote en avril 2005 pour le successeur, Faure Gnassingbe : élections truquées et massacre de 500 à 800 opposants. Tel père, tel fils, hélas.

    Omar Bongo (Gabon... depuis 40 ans !) A été réélu le 27 novembre 2005 avec 79,18 % des suffrages selon les résultats officiels. L'opposition a dénoncé des fraudes massives, constatées lors du scrutin. Le Gabon est militairement lié à la France par des accords de défense aux clauses secrètes. Plusieurs centaines de soldats d'élite français y stationnent en permanence. Le Gabon est un petit pays qui a du pétrole. Résultat : le PIB / habitant est élevé pour l'Afrique (5 500 $ par an). Mais le pays suscite les convoitises. De l'aveu de l'ex-président d'Elf, le gouvernement du Gabon se confond pratiquement avec Elf. Pour le plus grand profit d'une minorité (clan au pouvoir, actionnaires d'Elf, partis politiques français...). Et le malheur d'une majorité de la population gabonaise, qui n'a même pas de quoi se soigner.

    Idriss Déby Itno (Tchad) Le Tchad constitue une base arrière essentielle pour la présence militaire française en Afrique. Ancien élève de l'École de guerre de Paris, Déby a pris le pouvoir par la force en 1990. Depuis, on ne compte plus les exactions commises par les « forces de sécurité » tchadiennes, à l'étranger (Congo-Brazzaville, Niger, Centrafrique...) et surtout dans le pays (torture et liquidation d'opposants, massacres à caractère ethnique). Ce qui n'empêche pas en 1997 Alain Richard, alors ministre de la Défense, de chanter ses louanges, tandis que des instructeurs de la DGSE « instruisent » la Garde Présidentielle... Non content d'être criminel, le régime Déby est aussi prédateur, comme la Banque mondiale a pu le constater dans la gestion des ressources pétrolières.

    Denis Sassou-Nguesso (Congo Brazzaville) Lors des guerres civiles de l'été 1997 et de 1998-99, financées par Elf et plusieurs banques françaises, les milices de Sassou (les Cobras) ont massacré et violé de façon systématique. On parle de 100 000 morts. La justice française a reconnu en 2002 qu'on pouvait parler de Denis Sassou Nguesso comme d'un « dictateur », auteur de « crimes contre l'humanité ». L'affaire des « disparus du Beach », le massacre de 300 jeunes rapatriés, est venue le confirmer. Sur un autre registre, un fond d'investissement américain a montré qu'entre 2003 et 2005, il avait « oublié » de comptabiliser dans les recettes publiques près d'un milliard de dollars de revenus pétroliers, soit plus de 15% du budget de l'Etat ! Et pourtant, c'est ce président-là que Jacques Chirac choisit, en mars 2006, pour ouvrir la conférence de Paris sur le financement du développement... http://www.cellulefrancafrique.org/spip.php ?rubrique9

    Le programme de l'UMP mis à mal "Nous ne soutiendrons ni les dictatures, ni les pays dirigés par des régimes corrompus" Sarkozy : "il n'y a que les imbéciles pour pas changer d'idée"...

    Le 4 juillet 2007, par Cellule, dans Dictateurs "amis de la France" - morceaux choisis
    Dans son programme électoral, l'UMP assurait que la France ne maintiendrait de coopération qu'entre "pays démocratiques". L'UMP et son mentor nous auraient-ils menti ? Avec Bongo, Sassou et Campaoré sur le podium des amis africains de Sarkozy, moins de 2 mois après l'élection du 6 mai, c'est mal barré...
     

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  •  Un bel artice de Dette et Développement repris pour vous, chers combattants pour la liberté du Gabon

    Plate- forme Det te & Développement - Coordinat ion : CCFD, 4 rue Jean Lantier 75001 Paris

    Tél. : +33 (0)1 44 82 81 53 -
    det te@cc fd.asso. f r - Si te Internet : www.det te2000.org Organisations membres: AITEC (Association internationale des techniciens, experts et chercheurs), ATTAC France, CADTM France (Comité pour l'annulation de la dette du Tiers-Monde), CCFD (Comité Catholique contre la Faim et pour le Développement), CFDT (Confédération Française et Démocratique du Travail), CGT (Confédération Générale du Travail), CRID (Centre de Recherche et d'Information pour le Développement), CSM (Conférence des supérieures majeures), DCC (Délégation catholique pour la coopération), Justice et Paix, Réseau Foi et Justice, Afrique-Europe, Oxfam France – Agir ici, Secours Catholique -Caritas France, SEL (Service d'entraide et de liaison), Service Protestant de Mission – DEFAP, Survie, Vision du Monde

    Soutiens :

    Amis de la Terre,  ASPAL (Association de solidarité avec les peuples d'Amérique latine), ATD Quart monde, CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens), France libertés (Fondation Danielle Mitterrand), MRAP (Mouvement contre le racisme et pour l'amitié des peuples), RENAPAS (Rencontre nationale avec le peuple d'Afrique du Sud), RITIMO, Secrétariat général de l'enseignement catholique, Terre des hommes

    COMMUNIQUÉ DE PRESSE

    Le 19 juillet 2007

    Allègement de la dette du Gabon annoncé ce matin par le Club de Paris :

    La France privilégie le régime corrompu d'Omar Bongo.

    Au Club de Paris, le Gabon d'Omar Bongo a bénéficié d'un traitement de faveur, sous l'impulsion directe du président de la République française.

    La plate-forme Dette & Développement dénonce le soutien inconditionnel de la France au gouvernement autoritaire et corrompu du Gabon et demande une annulation de la dette des pays du Sud selon des critères équitables et transparents.

    C'est la première fois depuis sa création en 1956 que le Club de Paris, qui réunit les 19 principaux pays créditeurs, accepte un rachat anticipé de dette à une valeur décotée. Cette mesure d'exception, qui revient à alléger d'environ 15% la dette du Gabon, est surprenante :

    - Le Club est généralement pingre à l'égard des pays à revenus intermédiaires. Les Philippines ou l'Indonésie (1 400 $ / habitant /an en 2006) auraient encore plus besoin d'un allègement de leur dette que le Gabon (5 000 $ / hab.).

    - Le Club exige habituellement quelques garanties de « bonne » gestion financière.

    Or, Omar Bongo gère depuis 40 ans le Gabon en confondant finances publiques et argent privé. L'affaire Elf a mis en évidence des détournements d'environ 30 millions d'euros par an. Le parquet de Paris vient d'ouvrir une enquête pour recel de détournement de fonds publics concernant son patrimoine immobilier.

    Selon l'indicateur de « gouvernance » de la Banque mondiale, le Gabon est un des pays les plus mal gérés de la planète. C'est la France, principal créancier du Gabon, qui a imposé la mesure au Club de Paris.

    Le président de la République est intervenu directement pour que ce cadeau de plus de 150 millions d'euros, promis à Omar Bongo le 25 mai à l'Elysée, soit livré avant son voyage au Gabon, prévu la semaine prochaine. Lui qui, dès le soir du 6 mai, téléphonait au président gabonaise pour le remercier de ses "conseils", pourrait même annoncer un allègement supplémentaire de la France lors de sa visite à Libreville. Pourtant, le candidat Nicolas Sarkozy s'était engagé en mai 2006, à Cotonou, à « refonder la politique africaine de la France sur des relations transparentes et officielles entre paysdémocratiques », de « tourner la page des complaisances, des secrets, des ambiguïtés ». Hier encore, dans un discours ébauchant les grandes lignes de sa politique, le secrétaire d'Etat à la coopération Jean-Marie Bockel annonçait un changement de cap pour l'aide au développement « là où règne l'arbitraire, là où la démocratie est bafouée, les droits de l'homme violés, les décisions de justice jamais ou rarement appliquées, là où se développe la corruption ».

    La plate-forme Dette & Développement s'indigne de ce traitement de faveur, dicté par les intérêts pétrolier de la France au mépris du peuple gabonais et demande au gouvernement français :

    - d'énoncer clairement ses critères pour décider d'une annulation.

    - de cesser son soutien inconditionnel aux régimes autoritaires et corrompus d'Afrique.

    - d'exiger un droit de regard par les citoyens gabonais sur les fonds libérés par l'allègement de dette.

    Contacts :

    Jean Merckaert (CCFD – coordinateur plate-forme Dette) : 01 44 82 81 23

    Sébastien Fourmy (Oxfam France – Agir ici) : 01 56 98 24 48


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